Les femmes du nouveau millénaire

28-30 août 2022

Il existe une race parmi les français, pour la plupart des jeunes, qui prétend “retourner aux racines”, chercher une origine à tous nos maux dans “la perte des valeurs” et la “modernité”, le progrès.

C’est une race qui prétend qu’en plantant trois tomates et en restaurant une maison en pierre elle pourra sauver l’humanité. Mais, surtout, en rétablissant “la famille”, ce pourquoi il leur faut désormais des femmes, bien soumises et converties du plaisir, de la consommation (ce qui est leur “nature”) vers la “simplicité et la sobriété”.

Il leur faut donc des femmes qui aient envie de faire des enfants, plein, de s’éloigner de la ville, tout de suite. Ils se les procurent.

Ils les trouvent en les séduisant, une femme après tout c’est une femme, ils les choisissent douces, peu sûres d’elles, pommées, sensibles et solitaires.

Mais il faut tout de même leur apprendre des valeurs et il faut leur montrer la campagne, ses avantages absolus, les origines et les couleurs qui font de la France un si noble pays. Un pays de gens simples, de gens vrais. Les gens de la campagne.

C’est une vieille France celle à laquelle ils songent, même si aucun ne saurait s’appeler Gauliste.

Il faut se dépouiller de toute expectative. Il faut se donner, à la cause, celle de bâtir un monde meilleur, même si cela implique une démission, l’abandon d’espoirs ou aspirations vaines comme toutes celles des femmes. Une carrière qui n’aurait mené à rien de bon.

La femme qui se donne à la mission de rebâtir l’humanité, en voilà une femme généreuse.

Mais n’exagérons pas. Elle restera à sa place. Tout simplement à la place qui lui est attribué depuis toujours, qu’elle avait négligé à cause de ces (P*) têtues de féministes.

La femme donc, femme d’agriculteur ou artisan ou bricoleur ou chômeur, ira vivre loin de sa famille. De ses amis, de son cercle social.

Homme anarchiste ou pas, communiste, zadiste ecolo ou facho, il sera, lui et ses désirs, ses propos, quels qu’ils soient, prioritaires. Ils seront davantage, seront La vérité. Elle, elle sera un peu plus qu’un objet.

Apôtre au service de la cause de son partenaire, elle sera en charge d’amener au monde des enfants, de s’occuper de la maison, de laisser de côté ses anciennes et accablantes ambitions vaines. C’est mieux comme ça la vie, non ? Sans soucis.

Elle aura l’impression d’en prendre part active, de la quête, de ce foyer construit à deux mains, de ces camarades venus discuter, partager autour d’un apéro servi, mais, ça se verra avec le temps, elle n’en sera que le cadre, le décor.

Ce qui justifie et motive. Lui, il dira que c’est pour elle qu’il se tue à la tâche.

Femme dépendante et compagne d’un homme aux idéaux radicaux, provenant d’un penchant autoritaire/narcissique, elle n’aura le choix que de se plier à tous ses désirs et son bon vouloir, ou fuir.

Loin de toute expectative, la femme aura réussi à être déçue de celles qu’elles n’en avait même pas. Dans mon cas particulier, l’obsession aveugle et aveuglante de mon ex compagnon ont fait qu’il soit cruelle et violent envers moi, sans compter le fait qu’il refusait de m’amener à l’hôpital (faute de pouvoir utiliser la voiture “polluante”) lorsque j’étais malade et à plusieurs kilomètres d’un hôpital, ce qui a entraîné un évènement qui a sérieusement menacé ma santé physique et mentale.

Alors que j’étais à des milliers de kilomètres de mes proches.

J’ai passé du froid, j’ai failli avoir faim et suis restée des mois isolée dans une maison mal chauffée, à faire des allers-retours en train pour faire mes lessives, sans internet ni téléphone, sans meubles, alors que je venais d’arriver de Colombie.

Tout ça “pour mon bien”.**

La moindre réclamation était du “pur égoïsme”. Limite de la niaiserie.

Bon, tout ça pour dire qu’il y a bien de gens qui souhaitent le recul. De nos droits de femmes, de cette société qui, malgré prôner le progrès et la surconsommation ne tient pas compte de nos besoins. Que cela fait des siècles que nous les femmes on tient la société entière par pur miracle. Et maintenant on veut nous enlever le peu qu’on a. Le peu qu’on nous a promis. Regardez des groupes comme les ni-nis, les facho, comme les Proud Boys aux États-Unis, la horde de fans de Donald Trump, hautement misogynes. Il n’y a pas besoin d’aller très loin, Zemmour, Darmanin, des hommes qui parlent ou parlaient tous les jours à la télé.

Et l’espoir des jeunes.

On leur a enlevé de l’espoir à tous ces jeunes. Personne s’est soucié de la préserver pendant ces deux dernières années et elle est morte. Maintenant ils cherchent quelque chose en quoi ils puissent croire, pour ne pas mourir, la famille étant l’organe le plus ancien et « fiable » de la société. Mais non pas celle d’où on vient, celle à venir. Car ce à venir, et fait de nos mains, semble toujours meilleur. Plus sûr.

Mais, rappelez vous, le chemin facile n’est pas toujours le bon chemin.

Le chemin des renonces, c’est toujours le plus dur des chemins. Et c’est le chemin des lâches, où on ne rencontre que des mauvaises personnes.

Bon, avverties, c’est tout ce que je veux dire aux filles ce soir.

Maria Isabel Zamora Yusti